To cold to be cool (Reese)

❝to cold to be cool… ❞
Reese & Josephine

Avec un bruit sourd, les freins se débloquèrent et les roues chuitèrent sur le bitume mouillé. Elle détestait la pluie. Sincèrement. Chaque flaque l'eclaboussait, chaque crevasse la faisait déraper, rendant un simple trajet digne d'un parcours du combattant. Josephine poussa les roues de son fauteuil, tentant de faire abstraction du caoutchouc trempé collant à ses paumes. Elle détestait la pluie. Ardemment. Son manteau rouge comme un phare, une alarme écarlate, un regardez moi comme je suis différente, se détachait sur le parvis gris aseptisé de l'asso3, son paradis qu'elle venait de quitter, à regret, rêvant déjà à l'idée d'un radiateur. Elle aurait pu discuter des heures du radiateur de la salle commune mais, au lieu de ça - et surtout parce qu'il n'y avait personne pour l'écouter - elle rentra ses épaules dans son col, déjà humide, et descendit la rampe à toute vitesse, lui donnant comme à chaque fois ce petit frisson grisant d'une liberté volée quelques secondes à ce qui semblait perpétuellement régir sa vie, le handicap et la maladie. Vigoureusement, comme si le froid la rendait plus forte, refusant de tétaniser ses muscles plus qu'ils ne l'étaient déjà, elle fit parader son fauteuil sur le campus, comme une reine sur son trône, décidant du pourquoi du comment de la vie de chaque élève de l'université. En quelque sorte, c'était vrai. Ce grade de présidente du conseil étudiant lui avait redonné un peu confiance en elle, comme si l'idée d'être connue de chacun, son nom du moins, la rattachait à la célébrité dont elle jouait avant, quand elle était admirée et reconnue en tant que pianiste. Ses longs doigts fins s'agitèrent, les roues avalant le macadam, danse macabre, valse à trois temps. La vitesse et le vent glacé lui faisaient monter les larmes aux yeux. Josephine s'arrêta une seconde et d'un poing rageur, les effaça avant de repartir. La bibliothèque se tenait devant elle, décors de temple grec aux multiples escaliers afin d'entrer. La jeune femme soupira et contourna les marches pour arriver face à la rampe inclinée. Elle détestait les rampes aussi. Enfin, quand il s'agissait de les monter surtout. Josephine recula légèrement et poussa ses roues le plus fort possible, se projetant d'un coup sous le porche de la bibliothèque universitaire devant les portes. Elle réprima un petit cri, les yeux équarquillés. Quelqu'un venait juste de monter les marches et elle aurait pu complètement le bousculer avec la vitesse de son fauteuil. « Fais gaffe ! » Sa voix était légèrement trop aiguë quand elle leva la tête pour vérifier l'identité de sa pauvre non - victime. Oh mer... Reese. C'était Reese. Le très beau et très impressionnant Reese, que Josephine appréciait... Beaucoup. Ses joues virèrent au carmin tandis que ses iris brillaient légèrement plus. « Reese, je suis désolée, je ne t'avais pas vu ! » Elle remit une mèche brune échappée de son bonnet derrière son oreille tandis que son souffle froid formait des volutes de fumée blanche dans l'air. « Tu viens aussi travailler ici ? Tu pourrais ouvrir la porte s'il te plaît, j'ai trop froid... » En réalité la poignée était haute et les battants de bois lourds et difficiles à bouger pour Josephine, mais elle aurait préféré mourir que de l'avouer. Et puis le jeune homme était du genre distingué, peu étonnant quand on connaissait son nom. Reese Kennedy... La Adler était venue ici dans l'idée de réviser mais rien que l'idée d'ouvrir ses cahiers alors qu'il était là la fatiguait déjà. Non, passer un peu de temps avec lui, promettait d'être bien plus intéressant...

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